Hier soir, en tapant le nom de mon site sur mon moteur de recherche préféré , je découvre avec stupeur que certains de mes produits sont en vente sur des plateformes de déstockage, à des prix « défiant toute concurrence ».
Le problème ? Moi, la productrice, je ne les ai jamais vendus à ces sites.
Alors, je passe une partie de la nuit à dénoncer ces annonces et à tenter de savoir comment mes produits ont pu finir sur ces sites. Trois sites sont impliqués. Ce matin, j’appelle l’un d’eux. Curieusement on me répond. Le gérant, très poli et professionnel au demeurant, m’explique qu’il a acheté ces produits légalement, aux enchères, via une sérieuse étude de commissaires-priseurs lyonnais.
Provenance ? La Poste de Libourne.
Libourne, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le centre de tri où atterrissent les colis soi-disant “perdus”. Soi-disant, parce que ce que l’on me relate, au cours des conversations avec les différents services que j’écume ce matin, pourrait constituer le scénario d’une bonne série dramatique…
La Poste revend nos colis non délivrés.
Le déstockeur, toujours très professionnel, me propose une solution : racheter mes propres produits. Oui, vous avez bien lu.
Mes produits, que je fabrique avec soin, sont bradés, dans des conditions déloyales, sans aucun contrôle sur les conditions de stockage, la date de validité ou la conservation. Je ne parle même pas des publicités douteuses qui les accompagnent, entre peau dénudée (féminine, bien sûr) et slogans racoleurs.
Je suis révoltée :
- que La Poste, mon partenaire commercial, cautionne et alimente ce système, sans que cela ne soit prévu aux CGV.
- qu’ils soient conscients du problème et ne fassent rien.
- qu’ils torpillent les petits producteurs (les gros fabricants ne livrent que rarement par la poste) en considérant nos produits comme de simples fins de série.
- qu’ils enrichissent des intermédiaires qui ne créent pas de valeur au détriment des producteurs qui voient leur image dégradée.
Et le plus beau dans tout ça ?
Quand je contacte la Poste, on me répond que je ne suis pas la seule dans ce cas. Ah, super ! On est nombreux à se faire voler notre travail et c’est censé me rassurer ?
Mieux encore, en guise de justification, on m’explique que l’argent des enchères va aux associations.
Très bien. Mais si vous voulez faire une bonne action, donnez ces produits au lieu d’enrichir des revendeurs, sans torpiller celles et ceux qui les ont fabriqués.
Et au passage, faisons le calcul…
Un produit qui a été fabriqué, envoyé, qui a été perdu, puis racheté, retransporté, remis en ligne sur un site, puis racheté et réexpédié…(produit que j’ai du bien évidemment renvoyer au client initial à mes frais).
On est facilement à quatre à cinq fois la valeur initiale du produit. Ça c’est de l’économie.
Mais dans cette belle mécanique, La Poste, elle aura encaissé les frais de livraison et de réexpédition.
Ah, et devinez quoi ? Les plateformes de déstockage, qui sont semble-t-ils bien connus des commerciaux de la Poste, bénéficient au surplus de tarifs postaux avantageux. Sympa, non ?
Alors oui, y’a bien écrit La Poste. Et franchement, ce n’est pas glorieux.
En attendant…
Oui, certains de mes produits sont actuellement moins chers sur eBay.
Non, je ne peux rien y faire.
Non, je ne garantis ni la qualité, ni la date de validité.
Alors, profitez-en : cela aura au moins pour effet de faire disparaître ces stocks et je n’aurai plus à subir ces annonces affligeantes.
Mention spéciale pour celle de mes gélules d’ashwagandha qui sont élégamment mises en avant par… un concombre fièrement dressé (au niveau allégations de santé je ne sais pas si ça passe ?) Ca me fait plus rager que rougir.
Pour finir sur une touche kafkaïenne…
Dans les conditions générales de vente de Colissimo (69 pages, j’avoue, je ne les avais pas lues), on peut lire :
Le Client s’engage à ce que les destinataires et les expéditeurs des envois Colissimo retour n’accèdent pas directement à celui-ci (au service client) !
C’est clair, non ?
J’espère juste que je ne serai pas poursuivie pour «dépréciation de l’image de marque de Colissimo » (prévu à l’article 15, page 34 des CGV).
Et moi, dans tout ça ?
Après une soirée et une partie de la nuit passées devant l’ordinateur, j’ai perdu une journée entière à essayer de trouver une solution (je vous ferai peut-être part dans un prochain épisode de la réponse ou non réponse du Médiateur de la Poste).
Et surtout je n’ai pas cueilli mes bourgeons de figuier.
J’attendrai demain. Je ne vais pas aller récolter et risquer de les polluer par mon énergie du jour, car eux, c’est certain, ils n’y sont pour rien.
